Histoire des cloches de WALDWISSE

LES CLOCHES DE L’ÉGLISE DE WALDWISSE : SYMBOLES DE RÉSILLIENCE ET DE FOI

 

TROIS BÉNÉDICTIONS EN 36 ANS !

1ère bénédiction – Juillet 1914 :

La bénédiction de quatre nouvelles cloches achevait la construction d’un nouveau clocher en 1911. Pour la paroisse de Waldwisse, ce fut une grande fête, que présidèrent 22 prêtres

desservant les villages du canton et des environs, l’abbé Masson étant curé de la paroisse. À peine quatre années plus tard, par une belle matinée de printemps, trois cloches furent descendues, confisquées et partirent pour la fonte. Resta celle baptisée du nom du Cœur sacré de Jésus ; les trois autres prirent le chemin de l’Allemagne peu de jours avant l’armistice « par suite de l’intervention directe du sous-préfet de Thionville-Est qui s’était laissé influencer par un instituteur allemand (Lücking) hostile au curé. Quand celui-ci obtint enfin la permission de faire un voyage en Allemagne pour s’informer du sort de ses cloches, c’était trop tard ; elles venaient d’être brisées dans la fonderie de Call dans l’Eifel, ainsi que l’atteste le calepin de la fonderie » (Bour).

2ème bénédiction – Pâques 1923 :

À la mi-carême 1923, trois cloches nouvelles ornent l’avant-chœur de l’église. Une fois encore de nombreux prêtres entouraient Monsieur l’Abbé Oster, Supérieur du Grand Séminaire, et un enfant du pays, l’abbé Wender, archiprêtre de Moyeuvre-Grande, le prédicateur, à la grande satisfaction des paroissiens et de leur curé, l’abbé Bolzinger. Pour lui, cette bénédiction des cloches fut une des journées les plus mémorables empreintes de foi vivante qu’il put offrir à Waldwisse.

Vingt ans plus tard, la guerre revenue, l’occupant reprit son habitude : l’enlèvement des cloches fut pour les paroissiens le signe avéré de la fin de la guerre et que l’Allemagne l’avait alors perdue.

3ème bénédiction – début juillet 1950 :

Trois nouvelles cloches vont remplacer les manquantes ; placées entre le chœur et la pléiade des prêtres et la foule des fidèles, qui emplissent l’église au milieu des drapeaux, fanions et banderoles.

Jour de gloire pour l’abbé Laurent et l’abbé Thomas de Metz devant une foule considérable de paroissiens, de voisins et de visiteurs.

Les nouvelles cloches, dont le poids impressionne, sont consacrées au Sacré-Cœur de Jésus (1400 kg), à la Vierge Immaculée, Reine de la Paix (920 kg), à Saint Joseph (830 kg), et enfin, la plus petite (destinée à la chapelle du Hintinger Hof), à Sainte Apolline. Ces cloches ont été réalisées par la célèbre fonderie Paccard, à Annecy.

Un élément marquant de cette bénédiction est la présence de 28 parrains et marraines, témoignant de l’importance et de la signification de cet événement pour une communauté qui, en 36 ans, a acquis et financé pas moins de dix cloches. Cependant, cette précipitation à acquérir de nouvelles cloches dès 1950 peut surprendre. Waldwisse portait encore les stigmates de la guerre : une partie des habitants vivait dans des baraques insalubres, sans eau courante, le long de chemins boueux. Le « Kappesgoaten », résidence charmante en été, devenait un lieu insalubre dès la Toussaint.

Pourquoi, alors, imposer de telles dépenses aux fidèles si peu de temps après la guerre ? Rien ne semblait urgent. On aurait pu envisager d’acquérir et bénir une première cloche en 1950, puis les autres plus tard, comme l’a fait la paroisse de Kerchnaumen, qui a installé deux nouvelles cloches en 1962, dans un village qui, lui, n’avait pas été détruit.

Mais la détermination du jeune curé a marqué cette époque. Décrit comme « dévoré par le zèle divin », il était entreprenant, dynamique et efficace. Sa devise semblait être : « Der Eifer für dein Haus verzehret mich » (Le zèle pour ta maison me dévore).

Texte et photo tirés du livre de Georges Gross : Waldwisse autrefois Hai mol lai Repères et regards.